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Des « espaces de discussion » pour agir dans l'entreprise

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    Face à la complexité croissante du travail, l'accord national interprofessionnel (ANI) propose la mise en oeuvre "d'espaces de discussion". Des espaces visant à donner aux salariés et aux managers de proximité une opportunité de retrouver des capacités d'agir par eux-mêmes et de trouver des compromis pour résoudre les problèmes du quotidien. Mais comment organise-t-on cette expression directe des salariés ?

    Un lieu pour résoudre les problèmes du quotidien

    Les « espaces de discussion » imaginés par les signataires de l'Ani visent donc à ce que des salariés, confrontés quotidiennement à des problèmes communs, puissent partager leurs difficultés au sein d'un espace de régulation. Animé par une personne dotée des compétences nécessaires pour éviter qu'il tourne aux conflits de personnes, le dispositif doit également garantir que les discussions restent ancrées sur la résolution de problèmes professionnels ou sur la valorisation des facteurs favorables identifiés.

    Autrement dit, les espaces de discussion donnent aux salariés et aux managers de proximité une opportunité de retrouver des capacités d'agir par eux-mêmes et de trouver des compromis pour résoudre les problèmes du quotidien. De leur coté, employeur et instances représentatives du personnel (IRP), instruits par le résultat de ces travaux, disposent d'un matériau dont ils peuvent se saisir pour traiter, à leur niveau, les questions d'organisation mises à jour.

    L'enjeu apparaît moins de parler de ce qui ne marche pas (même si c'est plus facile) que de mettre à jour des marges de manœuvre qui permettraient de transformer l'organisation du travail ou le métier, de faire émerger de nouveaux principes d'organisation, de nouveaux compromis entre les normes plurielles, de dégager ce qui fait ressource pour le valoriser ou le « normaliser », d'objectiver les aléas, le « hors-norme » qui interroge le fonctionnement de l'entreprise.


    Extrait du Travail & Changement n°358 Discuter du travail pour mieux le transformer ©Anact

    La méthode du réseau Anact-Aract : comment mettre en place un espace de discussion sur le travail ?

    Si l'on veut que la discussion des expériences de travail s'inscrive dans une logique de transformation, des conditions précises de mise en œuvre, d'animation et de production sont requises. Le réseau Anact-Aract propose une démarche en 4 étapes clefs pour installer des espaces de discussion de manière structurée et pérenne.

    Organiser la discussion

    Une ingénierie pour organiser, régler et outiller la discussion est nécessaire : parler de son travail cela ne va pas de soi, il faut créer les conditions pour la parole. Les salariés ont besoin de sécuriser cette prise de parole pour éviter les blessures et construire la confiance. Cela implique d'avoir des règles, de savoir sur quoi porte la discussion, mais de ne pas trop formaliser pour préserver la dimension dynamique et spontanée de la parole.

    En outre, la liberté de parole pourra être assurée par l'absence de la hiérarchie, mais celle-ci, en raison même de l'objet du groupe, sera à un moment associée. Il s'agit de pouvoir partager le diagnostic de la situation, d'apprendre à le restituer sans invectives puis d'élaborer ensemble des solutions sur la manière de résoudre concrètement les problèmes mis à jour.

    Il importe de ne pas concevoir ces espaces de discussion dans un esprit pré-formaté quant à leurs modalités : animation, durée des réunions, nature des comptes rendus... Cependant, un cadre général, une « politique » des espaces de discussion propre à l'entreprise est nécessaire. S'inspirant du cadre proposé par l'ANI, elle précisera les principes communs aux espaces de discussion dans l'entreprise : fréquence, durée et lieux des réunions, contenus, principes d'expression (confidentialité des débats, climat de confiance, statut de la « plainte », l'espace de discussion n'est pas un défouloir, etc.).

    Quelques points de vigilance

    L'animation est à soigner : discuter sur le travail n'est pas chose facile ou naturelle ; l'animation doit favoriser l'expression libre, utile ; elle doit reconnaître les spécificités de chacun et créer du lien.
    En matière d'animation, le "référent métier" dont fait état l'Ani est probablement une personne dont la légitimité interne est acquise. La formation de l'animateur peut être nécessaire.
    Ne pas concevoir ces espaces dans un esprit « reporting » où tout doit remonter, où tout doit servir à l'entreprise ou aux IRP... C'est le groupe qui décide de ce qui « sort » du groupe...
    Ne pas le concevoir dans une perspective purement instrumentale, utilitaire...
    On doit considérer la possibilité que ces espaces aient, même si c'est dans une modeste mesure, la main sur l'organisation du travail de leur unité afin qu'ils puissent produire des innovations locales adaptées à leur situation.
    Enfin, ne pas rater l'amont et l'aval des espaces de discussion : en amont, la conception du cadre politique de ces espaces, de son inscription dans le système d'acteurs, ses finalités, etc. ; en aval, les modalités de renouvellement des Espaces de discussion, les modalités de traitement des remontées des espaces de discussion et le retour vers ces espaces de discussion ; etc.
    Les espaces de discussion ne se limitent pas à la phase « expérimentation » de la démarche QVT ; ils peuvent être conçus et mobilisés à n'importe quel moment de la démarche et servir à nourrir chaque étape et exister sur la durée.

    Pour aller plus loin :

    Lire le témoignage  "Le terreau fertile des espaces de discussion" 

    Travail & Changement n°358 de janvier-février-mars 2015 "Discuter du travail pour mieux le transformer" (16 pages, PDF) Télécharger le numéro

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