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« RPS : gros plan sur les vignes »

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    Petite maison de tradition, Le domaine Chupin est producteur de vin d'Anjou et de Coteaux du Layon. Entourant le charmant village de Champ-sur-Layon, les vignes du domaine sont vastes. Les Anjous rouges ou plutôt rubis sont pleins, structurés et néanmoins délicatement fruits rouges.

    Les Anjou blancs sont cristallins, aux parfums d'amande, d'acacia et de saveurs mariées de raisin nature, de miel et de coing. Les cabernets d'Anjou rosés sont bien équilibrés, lumineux, doux et fruités avec beaucoup de longueur. Les coteaux du Layon à la robe mordorée offrent les arômes de coing, de poire et de miel typiques de l'appellation.

    Autant de précisions et de minutie pour qualifier le résultat d'un travail...

    Et c'est là tout l'enjeu pour le régisseur du domaine CHUPIN : maintenir, élaborer et développer ces bouquets quels que soient les aléas du domaine.

    Effectif : 8 salariés

    Activité : Domaine viticole

    Région : Pays de la Loire (Maine-et-Loire)

    Demande de l'entreprise

    De 56 hectares et 8 permanents en 1993, le domaine est passé aujourd’hui à 96 hectares avec 6 permanents. La problématique aujourd’hui est que la moindre absence (maladie) au travail désorganise l’activité du domaine, le travail et les équipes. D’où la nécessité d’être vigilant quant au confort au travail, à la sécurité et la santé des salariés pour qu’il y ait le moins d’arrêt possible et éviter subséquemment de désorganiser l’entreprise.

    De plus, le métier de régisseur a significativement évolué : auparavant très présent avec les permanents dans les vignes pour diriger le travail, le contexte actuel l’amène à présent à davantage de travail administratif et de suivi en terme de traçabilité … d’où la nécessité d’être entouré de permanents plus performants, aguerris aux contraintes liées à l’activité du domaine. Se posent alors les questions de délégation, de moyens à dispositions, d’autonomie dans le travail… et surtout, quelle perception les salariés ont de ces ressources ? Souhaitant faire d’une pierre deux coups, nous convenons d’une démarche de prévention du risque psychosocial par les conditions de travail et le document unique d’évaluation des risques du domaine.

    Démarche

    Du coup, quelle méthodologie mettre en place ? Quel investissement en temps ? ... car il ne s'agit pas de perturber davantage le travail du domaine !

    Une salariée permanente est invitée à se joindre à la démarche pour mettre en place la concertation autour de cette démarche. Les ressources extérieures sont l'ARACT et la MSA.

    Le binôme paritaire (régisseur et ouvrière viticole) suivent tous deux une formation sur l'intégration des RPS dans le DU. De là, la construction de la démarche se discute et se valide paritairement. La présentation de la démarche aux salariés est faite en 5 minutes à l'embauche. Les entretiens ont lieu dans les vignes pour limiter l'impact sur l'organisation, les saisonniers sont associés à la démarche pour apporter un autre regard sur le domaine...

    Le diagnostic pointe tout d'abord des ressources, des régulations bien en place qu'il faut préserver : le dialogue avec la direction pour faire remonter les problèmes rencontrés sur le terrain, l'écoute des salariés, les investissements quant au matériel ou aux installations nécessaires, la relative autonomie pour organiser le travail, la responsabilité dans le travail réalisé, l'accès à la formation, la possibilité de proposer des améliorations ... autant de leviers présents pour nourrir la satisfaction au travail.

    Les entretiens remontent également des situations de travail qui posent problème pour bien faire son travail (= situation à risque psychosocial). Les résultats du diagnostic sont discutés avec le binôme paritaire, puis inscrits dans le document unique d'évaluation des risques professionnels du domaine.

    Un exemple d'action de prévention inscrite dans le DU : L'ouverture de la saison de taille

    Tous les protagonistes sont là : le régisseur, l'outilleur, la chargée de mission ARACT, les interlocuteurs MSA, les permanentes et salariés.

    Chaque point abordé lors de l'ouverture est une attente identifiée lors des entretiens pour mieux faire et mieux vivre son travail :

    • Rappel des orientations du domaine, des enjeux, des attentes de la direction sur la notion de qualité du travail attendu,
    • Rappel sur les enjeux de la santé au travail, tant du point de vue des salariés, que du domaine. Présentation du document unique avec l'intégration des risques psychosociaux,
    • Confirmation d'une hiérarchie fonctionnelle pour l'équipe des saisonniers dans les vignes pour rendre plus visible la légitimité de l'encadrement, répartition des rôles des permanents sur l'ensemble du domaine,
    • Point technique sur l'usage et l'entretien du sécateur électrique, tant d'un point de vue prévention de la pénibilité au travail que du point de vue de l'entretien des moyens mis à dispositions,
    • Rappel sur les gestes et postures pour un travail dans les vignes (MSA),
    • Rappel sur le travail collectif et le travail individuel, l'impact sur la performance, l'impact sur la santé, les conditions de travail et l'organisation nécessaires (ARACT),
    • Accompagnement au pied de la vigne pour vérifier la compréhension des différentes consignes.

     




    La démarche a nécessité 6 jours d'accompagnement sur 12 mois (rythme d'actualisation du document unique) avec une précaution particulière autour de la saisonnalité du domaine pour poser un rythme de démarche, ainsi qu'une vigilance sur le temps mobilisé pour y contribuer et sur la logistique des séances de travail (entretien dans les vignes pour limiter les déplacements, informations collectives lors de l'embauche de l'équipe, séances de travail privilégiées lorsque la météo était peu clémente, une mobilisation des acteurs « juste nécessaire » en fonction des étapes, démarche modeste et concrète pour aller jusqu'aux actions d'amélioration des conditions de travail ...).

    Ce travail a permis de valoriser les boucles de régulations déjà existantes, de pointer des situations de travail qui pourraient être améliorées, de mobiliser permanents et saisonniers autour de la question de la santé et de la sécurité au travail, d'en faire un sujet partagé et discuté avec la direction, de simplifier le document unique, les échelles de cotation et la matrice pour qu'il soit plus accessible et compréhensible par tous, de partager les enjeux de santé et de performance au travail !

    Bilan / Perspectives

    La méthodologie utilisée au domaine CHUPIN va être présentée à la filière viticole, pour fédérer d’autres démarches dans ce secteur.

    Le régisseur du domaine est membre du CPHSCT du Maine et Loire. La démarche a été présentée aux représentants des autres cultures pour déployer la démarche de prévention des risques psychosociaux par les conditions de travail.

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