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Missions repensées, lombalgies évitées

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    Parce qu'en créant le poste, les responsables du magasin n'ont pas pris suffisamment de recul pour réfléchir aux conditions de réalisation des tâches, l'opérateur de l'entrepôt travaille dans l'urgence, sans réelle marge de manœuvre.

    Ce qui, à terme, augmente les problèmes déjà existants de lombalgies du salarié. Un travail sur ses missions s'impose.

     

    Présentation

    Ce magasin franchisé travaille avec une centrale d'achat. Ses responsables bénéficient du statut d’associé, et gèrent librement leur établissement, notamment en matière de santé et de sécurité au travail. Le magasin a augmenté sa surface de vente, mais, pour diverses raisons, une partie des réserves a dû être éloignée de l'espace de vente. Il a été décidé de construire un entrepôt de 1 000 m2 sur un autre site à moins de 5 km du magasin. Un opérateur est chargé d'assurer les navettes entre les deux. Un poste clé, véritable “cordon ombilical” qui alimente le magasin.

     

    Demande de l'entreprise

    Le salarié chargé de faire la navette entre le magasin et l'entrepôt souffre de lombalgie chronique invalidante. Il est menacé d’exclusion professionnelle. Le médecin du travail l'oriente alors vers un dispositif de maintien en emploi. Les responsables du magasin veulent étudier le poste pour l'aménager afin que le salarié lombalgique puisse rester (durablement) dans l’entreprise. La démarche vise à agir simultanément sur les effets (les atteintes à la santé du salarié) et sur les causes (en lien avec le milieu professionnel en particulier).

     

    Démarche

    Réceptionner « en masse » les commandes passées par les chefs de rayons, les enregistrer, et les ranger dans l’entrepôt. Préparer les commandes, en fonction des besoins du magasin, et les acheminer sur le lieu de vente, en camion. Le travail de l’opérateur nécessite beaucoup de manutentions. Les observations et analyses montrent que les facteurs de risques lombalgiques sont loin d’être seulement d’ordre biomécanique (port de charge, postures contraignantes ou maintien de postures, nombreux déplacements), mais aussi d’ordre organisationnel.
    Comment aménager le poste et le travail pour que l'opérateur puisse correctement remplir les missions qui lui sont confiées ? C'est à cette question que doit répondre l'entreprise.
    Avec la montée en puissance du magasin et donc de l'entrepôt, la charge de travail de l'opérateur augmente et il se trouve incapable d’anticiper son activité. Ce qui se gérait auparavant de façon “quasi-artisanale” car les flux restaient modestes devient de plus en plus difficile. Avant, l’opérateur réalisait trois rotations par jour, et consacrait le reste du temps à ranger l’entrepôt, à assurer la logistique, ou encore à réceptionner les marchandises. Aujourd’hui ses tâches demeurent inchangées, mais il réalise en moyenne 9 tours par jour : trois fois plus qu'auparavant. Or l'analyse sur la répartition du temps indique que lorsque le temps consacré au transport (navette entrepôt vers le magasin) dépasse 40 %, alors celui consacré à la logistique et au rangement tend vers 0. L’opérateur devient incapable d’anticiper et de gérer son activité, les phases de transport générant le plus d’aléas (circulation, attente pour livraison du fait de l'encombrement des quais, matériel de déchargement indisponible…).
    Par ailleurs, bien que l'entrepôt soit neuf, les facteurs de risques s'avèrent nombreux, en lien avec la manutention manuelle (transpalette manuel), le déplacement des palettes, les vibrations et postures plus ou moins coûteuses (utilisation d'un chariot élévateur). Lors des déplacements, l’opérateur ne marche pas, il court. Il travaille le plus souvent dans l’urgence, la question de ses marges de manœuvre est posée.
    La démarche permet au salarié, au médecin du travail, au représentant du CHSCT et aux responsables de l'entreprise d'échanger sur les points forts et les points faibles du poste, en tenant compte du travail réel et de ses aléas. La confrontation entre ce que l'opérateur est censé faire – exposé par les responsables de l'entreprise, ce qu'il fait réellement et les compromis qu'il trouve – restitués par l'observation et l'analyse, s'avère suffisamment riches d'enseignements pour repenser le poste.

     

    Bilan

    « Nous ne pensions pas qu’il puisse y avoir de problèmes puisque tout est neuf. » « Lorsque nous avons créé ce poste nous avons imaginé ce que l’opérateur devait faire, mais pas assez comment, ni dans quelle condition il pouvait le faire ». Ces deux réflexions des responsables du magasin traduisent leur prise de conscience de la réalité du travail effectué par l'opérateur. Le salarié suit une rééducation, et parallèlement, l’entreprise engage une intervention ergonomique en vue d’améliorer et de faciliter son retour. Avec un suivi du médecin du travail et de l'Aract, le CHSCT poursuit la réflexion sur ce poste.
    Principal objectif : augmenter les marges de manœuvre de l’opérateur. Le travail est toujours en cours, mais il convient de noter plusieurs avancées concrètes : l’acquisition d’un transpalette électrique, le changement de place d’une alarme qui générait de nombreux déplacements, la mise en place d’un suivi informatique des stocks (et une formation à la clé pour l’opérateur), et surtout l’embauche d’un deuxième réceptionniste pour prêter main-forte.

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